Les objets en cristal sont les pièces maîtresses des arts de la table. Ce sont aussi parfois des luminaires de grand prestige. Les objets en cristal doivent leur beauté à une composition chimique très précise, alliée à un savoir-faire ancestral.
D’où vient le cristal ?
L’appellation « cristal » vient à l’origine de l’Italie. A la fin du XVème siècle, les maîtres verriers vénitiens, virtuoses dans la fabrication du verre soufflé, qualifient de « cristalo » les objets en verre les plus fins et les plus transparents. L’industrie du verre est alors florissante à Venise, elle pare les tables royales de toute l’Europe.
Mais au XVIIIème siècle, c’est au cœur de l’ancien Royaume de Bohème, actuelle république Tchèque, que le cristal est véritablement inventé. C’est le fameux cristal de Baccarat. C’est le début d’un artisanat très original, puisque les maîtres verriers de Bohême vont même oser inclure de la couleur dans leurs créations.
L’éclat particulier du véritable cristal, ses qualités de composition qui le prêtent à une taille magistrale, en font un succès dès le XVIIIème siècle, et l’engouement n’a pas faiblit jusqu’à nos jours. Les créations, qu’il s’agisse d’une collection de flacons, d’un vase, d’un service de verres de table, d’un lustre ou d’une lampe à huile en cristal soufflé, se transmettent de génération en génération. Rien n’est plus agréable que de boire un vin issu d’un carafon en cristal, plutôt que d’une simple carafe en verre.
Quelle est la composition chimique du cristal ?
Le cristal est un verre, c’est-à-dire principalement de la silice provenant d’un sable très blanc, auquel on a ajouté du sodium, mais c’est un verre dans lequel on a mis du plomb. Il faut au minimum 24% d’oxyde de plomb pour faire un bon cristal. L’oxyde de plomb augmente l’indice de réfraction, et la transparence de la matière.
Selon les pays, les traditions et les réglementations, le taux de plomb varie : il va généralement de 10 à 32 % d’oxyde de plomb. Les cristaux dits « supérieurs », produits par des maisons telles que Baccarat ou Lalique, contiennent jusqu’à 31% de plomb.
Le cristal est aussi composé de potassium, tel qu’on en trouve notamment dans les cendres de plantes. Il peut aussi être extrait du minerai de potasse. C’est le potassium qui va donner un éclat particulier à la taille. Le plomb, comme le potasse, abaissent la température de fusion, et rendent les pièces plus agréables et dociles à travailler. On ajoute aussi au mélange du groisil. C’est du cristal cassé, qui facilite la fusion.
Des couleurs peuvent être données au cristal, en ajoutant des oxydes de métaux, tels que l’oxyde de cobalt, pour obtenir du bleu sur des verres à whisky, le chlorure d’or, pour avoir du rouge sur des verres de vin, ou encore l’oxyde de nickel, pour parer un vase en cristal de violet.
La différence entre le verre et le cristal
La différence vient de la composition chimique, car le verre, bien que surtout constitué comme le cristal d’oxyde de silicium, ne comporte pas d’oxyde de plomb. Mais la différence, c’est surtout l’éclat particulier du cristal, et la virtuosité possible de sa taille. L’oxyde de plomb contenu dans le cristal le rend plus lumineux. L’indice de réfraction doit être égal ou supérieur à 1,545, pour que le cristal, en Europe, obtienne l’appellation « cristal de plomb ». Le cristal est aussi plus facile à polir, ou à tailler à froid. Pour l’utilisateur, outre l’éclat minéral incomparable du cristal, le verre se démarque facilement du véritable cristal, car ce-dernier est plus lourd, et tinte joliment.
La fabrication du cristal
Le cristal existe à l’état naturel, sous forme de quartz blanc. Mais celui qui nous intéresse n’est pas une roche et peut être fabriqué, puis travaillé par l’homme. En France, la formule mise au point par François de Beaufort en 1782 pour fabriquer du cristal comporte plus de 35 % de plomb. Les principales cristalleries françaises mettront en œuvre des formules diverses.
Elles s’installeront en Lorraine, à Münzthal, ou au nord-est en Meurthe-et-Moselle, à Baccarat, ou encore dans le Pas-de-Calais, dans la ville d’Arques, et enfin dans la vallée de la Bresle en Normandie. Le cristal est obtenu par le mélange de ses composés chimiques, dont notamment la silice, le plomb, la potasse, exposé à une très haute température. Après fusion, travail de souffle en bout de canne, ou moulage, le cristal va pouvoir refroidir en quelques heures. Il peut être taillé un ou deux jours après la mise au four, selon la cristallerie.
Ce travail à froid, exécuté à l’aide de minutieuses roues abrasives, va donner au cristal son élégance toute particulière, et permettre mille reflets de lumière. Au-delà, de nombreuses possibilités de gravures sur verre ou sur cristal existent, à l’acide ou avec une pointe de diamant. Elles personnalisent et datent les cadeaux d’exception.
Pour éblouir une tablée, rien de tel que le cristal. Son éclat, ses reflets magiques, le rendent bien supérieur au simple verre.